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des révolutions. » De son côté Letourneau constate : « Le droit de propriété est par excellence le grand ressort social ; c’est le géant que les primitifs supposent caché au fond des cratères volcaniques et dont chaque mouvement provoque un tremblement de terre. Point de grande révolution politique qui ne soit corrélative à une modification du droit de propriété ; point de métamorphoses de ce droit qui n’entraîne une transformation politique. » Si bien que l’histoire des révolutions n’est que la chronique des égarements du droit de propriété.

Révolution quand la rupture d’équilibre vient d’en bas, confiscation quand elle vient d’en haut, le phénomène est le même. La moitié de l’Afrique romaine appartenait à six propriétaires quand Néron les fit égorger. Jusqu’à nos jours la confiscation des biens de mainmorte fut une nécessité périodique ; pour juger avec quelle rapidité ces biens s’accumulaient aux mains de l’Église, il suffit de citer l’évêché d’Augsbourg qui, au IXe siècle, possédait 1.427 fermes et le couvent de Bénédictbeuren, en Haute-Bavière, qui en possédait 6.700 au XIe siècle. La dernière confiscation est connue sous le nom de milliard des congrégations. Spoliation, disaient les catholiques, oubliant le mot de saint Ambroise : « La nature a fait le droit commun ; l’usurpation a fait le droit privé. » En réalité, sous l’apparence

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