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en vigueur parmi les Raskolniks silvestres et dans quelques cantons de la Bosnie.

Plus récemment on en vint au partage des terres qui sont distribuées tous les 3, 9, 12 ou 15 ans. Les partages furent espacés ainsi toujours davantage et certains économistes y voient un acheminement vers le régime de la propriété persistante et privée. C’est conclure peut-être vite et asseoir précairement une hypothèse. Les partages trop fréquents comportent des inconvénients dont le paysan s’est bien vite rendu compte ; l’usufruitier dans ces conditions n’a guère intérêt à améliorer sa terre et ses cultures ; si, au contraire, le mir lui laisse jouissance de son lot pour plus longtemps, le paysan a tout intérêt à chercher l’amélioration de son exploitation ; son initiative individuelle est stimulée par le gain d’un bien-être possible, d’un bien-être nullement égoïste, puisque plus tard c’est un autre usufruitier, c’est la commune qui en profitera. Ainsi, loin de tendre vers une propriété privée dont il n’a pas même l’idée, le mir, en espaçant les partages, se défend instinctivement contre la routine et l’exploitation agricole insuffisante et hâtive, deux reproches qu’on aurait pu, sans cela, lui faire.

La propriété personnelle et héréditaire existe concurremment, mais très restreinte. Elle est en fait limitée à la maison qui est même, sous certaines conditions, soit aliénable, soit dé-

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