Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/193

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Mon Cœur est un noyé vidé d’âme et d’essors,
Qu’étreint la pieuvre Spleen en ses ventouses d’or.

C’est un feu d’artifice, hélas ! qu’avant la fête,
A noyé sans retour l’averse qui s’embête.

Mon Cœur est le terrestre Histoire-Corbillard,
Que traînent au néant l’instinct et le hasard.

Mon cœur est une horloge oubliée à demeure,
Qui, me sachant défunt, s’obstine à sonner l’heure !

Mon aimée était là, toute à me consoler ;
Je l’ai trop fait souffrir, ça ne peut plus aller.

Mon Cœur, plongé au Styx de nos arts danaïdes,
Présente à tout baiser une armure de vide.

Et toujours, mon Cœur, ayant ainsi déclamé,
En revient à sa complainte : Aimer, être aimé !

1881. 5, rue Berthollet.