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POÉSIES

XLIII

L’ÎLE

C’est l’Île ; Éden entouré d’eau de tous côtés !…
Je viens de galoper avec mon Astarté
À l’aube des mers ; on fait sécher nos cavales.
Des veuves de Titans délassent nos sandales,
Éventent nos tresses rousses, et je reprends
Mon Sceptre tout écaillé d’émaux effarants !
On est gai, ce matin. Depuis une semaine
Ces lents brouillards plongeaient mes sujets dans la peine,
Tout soupirants après un beau jour de soleil
Pour qu’on prît la photographie de Mon Orteil…

Ah ! non, c’est pas cela, mon Île, ma douce île…
Je ne suis pas encore un Néron si sénile…
Mon île pâle est au Pôle, mais au dernier
Des Pôles, inconnu des plus fols baleiniers !