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LETTRES 1881-1882

tenier. Il m’a montré une série adorable de petits dix-huitièmes, des dessus de tabatières, des fantaisies légères, des allégories charmantes jetées du bout du crayon, relevées de quelques coups de pinceau. Une édition de Molière avec les Boucher. Un traité de géométrie avec des Cochin au bas des figures, etc. Puis nous sommes sortis ensemble, — fait les stations devant les vitrines, et chez moi où je lui ai prêté En ménage d’Huysmans, les deux volumes de notre Bourget, le Baudelaire… M. Bernstein est un homme précieux. Il doit être avec moi le seul homme de Berlin qui adore la décadence en tout.

Et vous, que faites-vous ? Vous avez dû acquérir de nouveaux impressionnistes. Je ferme les yeux pour voir le pastel de Blanche, d’un couchant si triste. La Faustin fait-elle beaucoup de bruit ? J’ai lu déjà plusieurs fois Pot-Bouille.

J’ai reçu une petite lettre de Bourget, une lettre triste, triste, avec parfois un sourire jaune. Outre cela Pigeon m’écrit que Bourget est dans un découragement de tout qui lui fait de la peine. (Et son volume ?)

Et vous, que faites-vous, ô bénédictin, ô dandy, ô homme sain d’esprit, de nerfs et de cœur, ô homme bien équilibré ? Vous reposez-vous sur votre jeune