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préface

Cette histoire, les maîtres la lisent dans les humbles stugor couleur de sang des paroisses laponnes aussi bien que dans les vastes salles de ces étonnants palais scolaires des villes ; une vision diaprée, inoubliable, palpitera dans toutes les mémoires ; dans toutes les petites âmes l’amour des deux bergers pour leur île éveillera des pensées de recueillement et d’exaltation. Ô miracles d’une sublime poésie !

Que l’on aille après cela, si l’on a ce courage, critiquer cette fiction, l’histoire d’un gamin paresseux qu’un tomte transforme en lutin, et qui parcourt toute la Suède en chevauchant une oie sauvage ; Nils Holgersson découvre son pays en une précieuse compagnie ; avisé camarade d’une gent emplumée, il apprend à tout connaître ; le récit de son fantastique voyage est une odyssée pittoresque, colorée, perpétuellement nuancée d’humour ou d’émotion.

Une odyssée, un vivant et mouvant poème ; nul livre, moins didactique d’apparence, qui soit plus plein à en déborder d’un multiple enseignement. Chacun y puisera la leçon qui convient à son âge et à sa condition : l’enfant, une élémentaire leçon de morale et de sagesse puérile et honnête ; l’homme et le vieillard, un avis de méditation, d’active résignation ; tous un conseil de sérieux, de bonté, de respect… Le respect de tout ce qui vaut d’être respecté, n’est-ce point l’attitude que commande cette grave poétesse ? Respect des plus modestes âmes et des douleurs les plus humbles, respect du labeur, de