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du vieux temps

CHAPITRE DEUXIÈME

LES ROIS DE LA FÈVE

Seuls rois de qui le peuple ait gardé la mémoire.

Si tant est que le bonheur consiste à ne rien faire, le vieux dicton : Heureux comme un roi ! a pu s’appliquer jadis à nos rois fainéants ; on aurait pu l’appliquer encore au roi d’Yvetot de Béranger, et même à nos monarques constitutionnels, s’ils avaient voulu se résigner au rôle tout passif que certain publiciste leur avait trop libéralement assigné ; mais cette antique locution ne saurait plus s’entendre, aujourd’hui, qu’en parlant du roi de la fève.

On ne fête plus guère les Rois, en Berry, que dans quelques rares maisons où une piété sereine forme le fond des mœurs de la famille et s’allie naturellement à cette douce gaieté qui est le partage des cœurs simples et des consciences sans reproche. Autrefois, en France, dans toutes les classes de la société, depuis le palais du Louvre jusqu’à la plus humble chaumière, on partageait le gâteau à la fève. — « Pour divertir le roi, dit Mme de Motteville, dans ses Mémoires (année 1649), la reine voulut séparer un gâteau et nous fit l’honneur de nous y faire prendre part avec le roi et elle. Nous la fîmes la reine de la fève, parce que la fève s’était trouvée dans la part de la Vierge. Elle commanda qu’on