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m’attirait d’une manière irrésistible. Son pas alerte, son port haut, sa démarche digne, son vêtement si convenable causèrent en moi une émotion étrange. Pour en avoir le cœur net, je voulus la voir de près et je me postai en face du sentier où elle devait nécessairement passer pour atteindre le quai. En me voyant installé là, elle sembla hésiter un moment et fit un pas en arrière. Avait-elle peur ? Je me sentis un peu gêné de mon attitude peu galante en face d’une femme seule. Comme elle approchait de moi, je me détournai, faisant mine de ne pas la voir.

Me reconnut-elle la première ?… Quand je me retournai, nous étions face à face.

— Allie ! m’écriai-je.

— Olivier, je crois, me répondit-elle de sa voix d’or qui n’avait pas changé, et sans laisser percer la moindre émotion.

Je saisis ses deux mains dans une étreinte folle et répétai : Allie !

— Vous me faites mal, Olivier, me dit-elle doucement, tout en essayant de retirer ses mains de mon étreinte.

Le son de cette voix caressante, que je n’avais pas entendue depuis vingt ans, me désarma et je laissai tomber ses mains. Elle les frotta l’une après l’autre, comme pour calmer une douleur passagère.