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La vénérable basilique, encore debout, témoin d’un passé qui persiste à ne pas vouloir s’effacer, attendait, les portes de son portique grandes ouvertes, le commencement de l’office religieux.

Champlain sur son piédestal, chapeau à plumes de la main droite et appuyant la gauche sur son épée, semblait, d’un geste gracieux, remercier la société Saint-Jean-Baptiste de l’hommage qu’elle venait de lui rendre en déposant des fleurs à ses pieds.

Le monument de Monseigneur de Laval paraissait aussi s’animer dans un geste de bénédiction, sous le souffle patriotique de la foule massée à ses pieds, regardant passer le défilé de la Saint-Jean-Baptiste.

Lentement le petit navire quitta la pointe à Carcy, traversa le fleuve gris qui coule si majestueusement entre deux promontoires, puis contourna la Pointe Lévis en face de l’Île d’Orléans, saluant au passage le clocher de Sainte-Pétronille, perché sur une colline.

Tous, même les habitués qui semblaient y trouver un charme nouveau, contemplaient le spectacle charmant qui s’offrait à leurs yeux, en voyant disparaître tranquillement derrière les caps de Lévis, la vieille cité accrochée au Cap Diamant qui surplombe ce panorama incomparable.

Continuant sa course, le petit vapeur égrenait un à un les coquets villages situés en bordure du grand fleuve, encore tout empreint de l’âme de la vieille France de François Ier.

Oh ! âme de la France d’autrefois ! Viens-tu quelque fois la nuit planer au-dessus de la France nouvelle, sortie de ton sein glorieux ? Oui tu y viens, et tu appelles tes enfants qui répondent toujours aux doux noms que tu leur donnas quand tu les tins sur les fonts baptismaux : Saint-Laurent de l’Île, Saint-Jean et Saint-François d’Orléans.

Dans tes pérégrinations nocturnes, frôle de ton aile le clocher des églises qui bordent les rives du grand fleuve que tu baptisas toi-même du nom de Saint-Laurent, pour y sentir vibrer dans leur cœur d’airain le doux son des cloches venues de France, qui rappellent, dans un éternel