Page:Lallier - Angéline Guillou, 1930.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 116 —

C’est en faisant ces beaux rêves qu’il s’endormait le soir, dans sa modeste chambre d’hôtel, pour recommencer le lendemain les mêmes rêves d’avenir, quand, le 15 avril il reçut un télégramme lui annonçant que son hydravion était prêt à lui être livré. Il partit donc incessamment pour New-York.


XVIII


L’hiver fut comparativement doux sur la Côte, et l’absence de tempêtes violentes aida à la régularité de la poste. L’arrivée du courrier, qui était le seul événement bi-mensuel, était toujours attendue avec hâte.

Il n’y eut pas de maladies graves à la Rivière-au-Tonnerre, et la science d’Antoinette Dupuis suffit aux bénignes indispositions qui se présentèrent. En somme, l’hiver fut plutôt agréable.

L’amitié qui s’était un peu refroidie entre Angéline et la petite garde-malade, s’était cimentée de nouveau, grâce à la générosité d’Angéline qui s’intéressait beaucoup à l’œuvre du dispensaire, où elle rendait de nombreux services tout en s’instruisant.

Le bon curé qui visitait souvent le dispensaire disait en se frottant les mains :

— J’ai maintenant une élite dans ma paroisse, et il ne faudra pas laisser ces talents inactifs.

— Quels talents nous avez-vous donc découverts ? Monsieur le Curé, se décida à demander une bonne fois la garde-malade ; car, à part celui de soigner les malheureux, je vous avoue être assez dépourvue.

— N’avez-vous jamais fait de théâtre au couvent de Sillery ?

— Oui ! répondit-elle avec enthousiasme, et j’aimais tant cela, quand nous donnions un concert de fin d’année ; mais les perspectives de théâtre ne sont pas des plus brillantes à la Rivière-au-Tonnerre.