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n’étaient pas des plus alléchantes ; mais cela n’intimida pas Fafard qui en avait vu bien d’autres.

Le télégraphe entre les Sept-Îles et la Rivière-au-Tonnerre était désorganisé par la tempête, et il fut impossible de communiquer avec le médecin. Force fut donc à Fafard de partir à tout hasard.

Comme si Fidèle eût en l’intuition de ce qu’on attendait de lui, il semblait impatient de partir. Ses yeux pleins d’intelligence avaient l’air de dire à ceux qui venaient lui faire des caresses d’admiration : fiez-vous à moi ! son jappement intermittent témoignait aussi de son impatience de partir.

Quand tous les préparatifs furent complétés, Fafard qui se tenait debout à l’arrière de son cométique, cria :

— En avant, Fidèle !

D’un bond, il secoua les autres chiens qui étaient couchés dans la neige molle et tous partirent alertement à travers le petit sentier qui conduit à la forêt, disparaissant parfois complètement sous la neige, émergeant un peu plus loin, et reprenant ensuite leur course folle à travers les tourbillons de « poudrerie », jusqu’à ce que, ayant atteint la forêt, une température plus calme les favorisât.

Fidèle s’arrêtait de temps à autre, pour repérer sa route, puis reprenait son allure endiablée ; si bien qu’étant parti à deux heures sonnantes, ils avaient vingt-deux milles de parcourus à six heures, ayant atteint la Rivière-aux-Graines, où ils campèrent pour la nuit.


VIII


Il était à peine quatre heures du matin, que Fidèle commençait à aboyer, sautant autour de son maître, tirant sur sa couverture avec ses dents pour l’éveiller. L’instinct de Fidèle lui disait que la tempête allait encore augmenter et que son maître n’avait pas de temps à perdre.