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dîme au treizième minot, celui-ci serait à vous, car c’est bien mon treizième.

— Heureusement, Joseph ! Si c’était comme cela sur la Côte j’aurais une moyenne famille sur les bras, car les nichées de treize ne sont pas rares, et par le temps qui court…

— Oui, j’étions pas riche en effet, et vous nous « ferà » bien grâce pour les cloches. Eh ! Monsieur le Curé ?

— Comme c’est ton treizième, Joseph, je vais les sonner pour rien.

— Vous « étâ » ben toujours bon pareil, Monsieur le Curé. Ça nous encouragions ! À l’année prochaine, Monsieur le Curé, dit Séguin en ajustant son casque de vison et son paletot de castor.


XX


Rien ne venait rompre la monotonie des tristes jours d’hiver et des longues soirées passées au coin du feu dans le modeste logis des Guillou si ce n’est l’arrivée des cométiques de la poste. Angéline attendait impatiemment une réponse à sa lettre écrite à la Supérieure de son Alma Mater. Elle commençait à craindre que sa lettre ou la réponse ne se fussent égarées, quand son frère lui apporta enfin un jour du bureau de poste la réponse si ardemment attendue.

Elle eut tôt fait d’ouvrir l’enveloppe, tremblante d’émotion à la vue de cette écriture régulière comme si elle eût été moulée ; et elle lut avec une émotion facile à comprendre la lettre qu’elle contenait.

Sillery, Québec, le 1er décembre 19…


Mademoiselle Angéline Guillou,
Rivière-au-Tonnerre, Côte Nord,
Province de Québec (Canada).


Ma chère Enfant,

Votre aimable lettre pleine de tendresse et d’affection, conçue dans les moments de douleurs que vous avez traversés, a rappelé à ma mémoire les quelques remarques