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— Avec le pain des forts, Jacques, je vous promets le succès si vos confrères sont dans nos forêts ; mais je doute fort qu’ils y soient.

— Je pars certainement sur un incertain et avec des indications bien vagues ; mais j’aurai tôt fait de survoler toute la forêt du Labrador et, si le succès ne couronne pas mes efforts, j’aurai du moins la satisfaction du devoir accompli.

— Je vous ferais injure, Jacques, si j’essayais de vous dissuader de votre entreprise. Je sais que votre courage ne fléchira pas. Je vais bien prier pour vous, pour que vous me reveniez sain et sauf.

— J’irai moi-même porter votre prière aussi haut que possible vers le ciel et je vous apporterai la réponse dans trois jours.

— Que Dieu vous garde, Jacques ! Permettez que je n’assiste pas à votre départ, je n’en aurais vraiment pas la force.

Les deux amoureux se séparèrent sur le seuil de la porte de la demeure d’Angéline d’où toute la famille sortit pour souhaiter bon voyage à l’aviateur.

Toute la population du village était réunie sur la grève pour assister au départ de l’aviateur, qui revêtait ce jour-là un aspect plus grave que pour ses envolées précédentes.


XII


Malgré le courage que manifesta Angéline en présence du capitaine, elle n’en était pas moins convaincue qu’il se vouait à une mort certaine, opinion que plusieurs partagèrent.

À neuf heures précises, l’aviateur sortait de son hangar, et, scrutant les airs avec un air déterminé, prit son envolée ; mais avant de s’éloigner il paya son tribut d’amour à Angéline en survolant trois fois autour de sa demeuré. Celle-ci sortit de la maison, et lui fit un dernier signe