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Quand, dans ce baiser, il touche avec la langue les dents et le palais de l’autre, c’est là le combat de la langue.

Le baiser doit être modéré, serré, pressé ou doux, selon la partie du corps à laquelle il est appliqué.

On peut encore ranger parmi les baisers la succion du bouton ou du mamelon des seins qui, dans les chants des Bayaclères du Sud de l’Inde, est mentionnée comme un des préliminaires naturels de la connexion[1].

Quand une femme baise au visage son amant endormi, cet appel est le baiser qui allume l’amour.

Quand une femme baise son amant qui est distrait ou affairé, ou bien le querelle, c’est le baiser qui détourne.

Quand l’amant attardé trouve l’amante couchée, et la baise dans son sommeil pour lui manifester son désir, c’est le baiser d’éveil. En pareil cas, la femme peut faire semblant de dormir à l’arrivée de son amant pour provoquer ce baiser.

Quand on baise l’image d’une personne réfléchie dans un miroir ou dans l’eau, ou bien son ombre portée sur un mur, c’est le baiser de déclaration.

Quand on baise un enfant que l’on tient sur ses genoux, ou une image, ou une statue, en présence de la personne aimée, c’est le baiser que l’on transmet.

Quand la nuit, au théâtre ou dans une assemblée d’hommes de caste, un homme s’approche d’une femme et lui baise un doigt de la main, si elle se tient debout, ou un doigt de pied, si elle est assise ; ou bien quand une femme, en massant le corps de son amant, posé la figure sur sa cuisse, comme si elle voulait s’en faire un coussin pour dormir de manière à allumer son désir et lui baise la cuisse ou le gros doigt du pied, c’est le baiser de provocation.

Au sujet de ces baisers on cite les vers suivants :

« Quelque chose que l’un des amants fasse à l’autre, celui-ci doit lui rendre la pareille : baiser pour baiser, caresse pour caresse, coup pour coup. »

  1. D’après le docteur Jules Guyot (Bréviaire de l’amour expérimental), cette succion doit être forte pour produire l’effet voulu (v. App.)