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ce qui concerne ce qu’on appelle en philosophie l’âme, nous prions le lecteur de vouloir bien oublier momentanément toutes les définitions qu’il peut avoir antérieurement apprises de ce mot pour ne lui conserver que le sens très restreint que nous venons de lui attribuer.

Voyant la plupart des phénomènes autour d’eux produits par des êtres animés comme eux, les premiers hommes, dans leur ignorance des causes et effets naturels ont été conduits à attribuer à des entités semblables à eux, à des âmes ou esprits, tous les effets qu’ils ne savaient pas expliquer autrement, et à prêter à ces esprits une puissance surhumaine quand il s’est agi d’effets sur lesquels l’homme n’avait aucune prise et enfin, en continuant à raisonner par analogie, à attribuer à ces esprits, à ces puissances, des corps[1].

Quand il s’est agi des grands effets naturels, les corps se sont trouvés tout indiqués ; le globe du soleil a été le corps de l’esprit cause de la chaleur et de la lumière solaires ; de même de la lune etc., et aussi, quoique moins immédiatement, pour tout ce qui tombe sous l’un de nos sens, comme le vent, le tonnerre, etc. En d’autres termes, on prêta une âme, un esprit, au soleil, à la lune, au vent, au tonnerre, etc.

Rien de plus simple et de plus naturel pour des causes

  1. Il est très remarquable que les langues ariennes, touraniennes et sémitiques aient presque le même mot pour désigner les esprits ou génies, genius latin, chin chinois, جن djinn arabe.