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ont un pouvoir presque discrétionnaire, ils ne sont jamais surs du lendemain ; sur la dénonciation d’un ennemi un ordre de l’Empereur peut les faire mettre à mort.

Toutes les peines, même la peine capitale, se rachètent le plus souvent par une rançon. Lorsque, exceptionnellement, la rançon n’est pas admise, la loi Chinoise permet la substitution. Même pour la torture, même pour la mort lente et cruelle, on trouve des suppléants qui donnent leur vie en échange de quelque bien être pour leurs familles. Pour l’application du bambou les remplaçants se présentent en foule. En Chine « il y a une infinité de gens qui ne vivent que de coups de bâton. »

Un pareil principe introduit et maintenu dans la loi, et celui de la responsabilité pénale étendue à d’autres qu’aux coupables, donnent une pauvre idée du sens moral des sages les plus vantés de la Chine, législateurs et moralistes. Pour eux, comme pour les Brahmes, l’intérêt social et politique primait la justice et la responsabilité morale.

Pour ce motif on doit rabattre beaucoup des éloges qu’on leur a prodigués. On peut leur accorder la rectitude mais non l’élévation. La dignité humaine qu’ils ont proclamée n’était qu’apparât, « toutes les vertus ont leur source dans l’étiquette » (Confucius).

Oubliant qu’elle réside toute entière dans la conscience et dans la liberté morale, ils en ont fait en réalité le privilège « de l’homme supérieur » planant par l’esprit sur la foule infime. Sous ce rapport, ils n’ont guère dépassé les Hindous qui font consister la vertu presque entièrement dans la politesse minutieuse et obséquieuse.

Le code Chinois comprend quatre parties : Code pénal ; recueil des lois ; règlements généraux (comme de police) ; Lois coutumières. Il existe en outre le Hiao king, qui n’est point susceptible de modification.

En Chine, la loi étend la responsabilité des actes commis aux proches et aux voisins, aux supérieurs et aux inférieurs ; elle prétend atteindre tout à la fois les crimes résultant de l’immoralité et l’immoralité qui en est la cause. Par exemple : un époux se plaint en justice que la femme qu’il vient d’épouser n’est point vierge — on punit la fille et en même temps tous ceux qui auraient pu empêcher sa corruption soit par de bons exemples et des corrections, soit, au besoin, en la