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« Le sage n’emprunte point sa politique, il la trouve dans son cœur ; le sage est lui même ; la supériorité de ses vues le distingue de la foule, et sa conduite exprime sa grandeur. »

Nous sommes bien loin de l’image d’un sage ou solitaire ou ascétique voué à la méditation et à l’étude du problème religieux, tel qu’il a dû nécessairement en exister un certain nombre dans la Chine antique comme dans l’Inde. Les deux premiers passages cités constatent cette existence et en même temps celle de doctrines plus ou moins mystérieuses, et celle très probable d’écoles de sages qui, par le travail de la pensée, sont arrivées à des conceptions semblables à celles que nous trouvons en tête du Brahmanisme. Ces écoles ou ces sages devaient avoir pour fonds commun les idées ou croyances qui remontent en Chine à la plus haute antiquité, telles que les suivantes :

1° L’existence simultanée chez l’homme de deux âmes qu’ils appelaient : l’une hoën et l’autre peh.

L’essence ou exhalaison du ciel s’appelle hoën, tandis que celle de la terre s’appelle peh. Le hoën est le principe spirituel ou l’âme spirituelle ; il dépend du principe mâle (Yang) et se meut.

Le peh est le principe matériel, l’âme sensitive ; il dépend du principe femelle (Yin) et reste dans le repos a la mort, le Hoën monte au ciel et le peh descend dans la Terre.

De la sorte le hoën est l’Ombre ou les Mânes, la partie spirituelle du fantôme, le principe évolutif des êtres en voie de retour vers leur source ; l’âme qui va et vient, sort et entre pour retourner finalement au ciel.

Quant au Peh, il représente « la forme » ; de sorte que l'âme d’un mort s’appelle hoën et sa forme peh ; c’est l’esprit terrestre, le corps subtil de tous les êtres, alors qu’il n’a pas subi encore de transformation ; c’est la puissance perceptive des organes matériels, tels que les yeux et les oreilles. Cette puissance perceptive des sens quitte avec la vie le hoën auquel elle était associée, pour finalement retourner en terre et devenir un fantôme.

2° Une théorie ancienne d’après laquelle les éléments de la création ont obtenu leur diversité parles forces d’un dualisme secondaire pour aboutir finalement à leur retour vers leur source au moyen d’une synthèse carac-