Page:Lamairesse - L’Empire chinois, le Bouddhisme en Chine et au Thibet.djvu/42

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non être — Celui-ci ; naturellement, est un effacement plus complet que la mort.

Toutes les existences sortant du Tao et devant y rentrer, le Tao est leur voie commune, ce qui justifie la traduction de Julien ; ce mot Voie peut ainsi être entendu dans le sens de voie à suivre, chemin de la perfection à peu près comme dans le Bouddhisme.

Puisque le Tao est le principe des êtres, il est aussi le verbe ou la suprême intelligence, la Raison universelle ; car c’est ainsi que Platon définit le λογος, tout ce qui est pensé est, et rien n’est que ce qui est pensé. La raison ou l’idée est donc l’essence des choses. Pour posséder cette raison dans son unité et sa pureté, il faut posséder dans les mêmes conditions l’être ou l’existence ; ce qui revient à dire avec la plupart des Ecoles Indiennes, qu’il faut être affranchi de ce qui est accidentel et passager, qu’il faut être exempt de passion. De là cette maxime au début du livre :

« Lorsqu’on est exempt de passions, on voit l’essence parfaite du Tao, tandis que l’on n’en aperçoit que la manifestation matérielle ou la forme bornée, lorsqu’on est sous l’empire des passions. »

Le livre dont Abel Remusat compare le style à celui de Platon, est divisé en deux parties et 81 chapitres. C’est un recueil de maximes qui ne forment point un système coordonné. On ne peut donc qu’examiner les plus caractéristiques.

Le chapitre XXV donne la principale explication du mot Tao ; M. de Rosny Ta traduite ainsi :

« Il est une force indivise, parfaite, antérieure au ciel et à la Terre, sans forme ! incorporelle ! Etablie solitaire et immuable, circulant partout, éternelle. »

M. de Rosny estime qu’une force ainsi définie est Dieu, avec exclusion de toute hypothèse antropomorphique ; quelque chose de bien plus élevé que Tien ou Ciel immatériel des livres de Confucius et qu’on ne saurait non plus confondre avec le Chang ti ou suprême Empereur.

Il fait observer que si on traduit le mot Tao par Dieu, le premier chapitre du Livre commence ainsi :

— Le Dieu qu’on peut définir n’est pas le dieu éternel ;