Page:Lamairesse - L’Empire chinois, le Bouddhisme en Chine et au Thibet.djvu/53

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bonnes lois, à celui qui est mort pour le bien public. Mais ce sont là évidemment des honneurs commémoratifs et non un culte de foi et d’adoration.

S’il y a des génies ainsi qu’on l’a toujours cru universellement en Chine, il peut y avoir des àmes détachées des corps ; de là le sacrifice aux ancêtres. Dans le chapitre VIII du Lili, il se fait par l’entremise du devin qui commence par annoncer aux ancêtres l’ardente piété de leurs descendants et finit par se tourner vers la famille, comme s’il avait entendu les ayeux (ce que suppose l’immortalité de l’âme) lui promettant de la récompenser par mille prospérités. On voit dans le même ouvrage que la tortue sert aux divinations et la plante Kia à jeter des sorts, enfin le premier chapitre conseille de consulter les esprits.

Dans les Odes de Chi-King, autre livre de Confucius, les esprits vivent, agissent ; les morts même conservent une demi-existence. Cette sorte de Pandémonium naturaliste n’est qu’une concession aux superstitions populaires et invétérées faite d’ailleurs dans des formes telles, que les commentateurs pourront la retirer et la retirent aujourd’hui, au moins dans les discours parlés, par une interprétation facile. On reconnaît sans peine que Confucius ne croyait pas au surnaturel et l’écartait de son mieux.

Confucius n’était point un spéculatif, c’était un homme pratique, le fils d’un Mandarin de sang royal. Il n’attaqua aucune doctrine ni aucune personne ; s’il fut persécuté, c’est que son intégrité comme ministre et la hardiesse de son langage lui créèrent des ennemis. Sa vie fût un apostolat administratif.

Sur la fin de sa carrière, dans sa maison transformée en Lycée, 3000 élèves recevaient son enseignement et fraternisaient avec d’innombrables adeptes disséminés dans tous les états de l’Empire. Nulle part la raison n’a tenu un langage plus digne :

« La philosophie pratique consiste à développer et à faire éclater le principe lumineux de la raison, la loi constitutive que le ciel a mise dans chaque être pour accomplir régulièrement sa destinée.

La loi du devoir est tout ; elle est par elle-même la loi du devoir, — c’est-à-dire qu’elle renferme en elle-même sa cause et sa fin.

On ne peut s’écarter de la règle de conduite morale en