Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/32

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insaisissables, qui font la base et l’unique but des études de presque tous ceux qui se livrent à quelque partie de l’histoire naturelle.


Je termine ces généralités sur les animaux sans vertèbres par une observation au moins curieuse et qui a peut-être de l’importance  ; elle concerne la forme générale des animaux considérée successivement dans chaque portion de la série entière qui les comprend tous, et elle fait appercevoir les mutations que cette forme éprouve à mesure que l’organisation se complique et se perfectionne.

En effet, si nous suivons l’ordre même des opérations de la nature, et si, remontant du plus simple vers le plus composé, nous parcourons la chaîne animale depuis les polypes amorphes ou microscopiques, jusqu’aux animaux à mamelles, alors nous verrons que les animaux les plus imparfaits ou les plus simples en organisation, tels que les monades, ont une forme globuleuse ou sphérique.

De cette forme, qui est la plus simple et la plus propre à une ébauche de corps vivant, la nature avançant un peu son opération fait passer les animaux qui suivent, comme les volvoces, les protées, les vibrions à une forme ovalaire, lobée, alongée et instantanément changeante par l’extrême contractilité des animalcules gélatineux dont il s’agit. Mais comme elle n’a encore obtenu aucun point d’appui dans ces petits corps, toutes les variations qu’elle leur fait subir en les éloignant de la forme globuleuse, ne produisent que des formes irrégulières, toujours diversifiées, et dont aucune ne peut caractériser l’ordre de ces animaux imparfaits. Ce n’est que lorsque la nature est parvenue à ébaucher dans ces petits animaux le premier de tous les organes, un canal alimentaire, qu’elle les fait sortir peu à peu de cette irrégularité de forme, à laquelle auparavant elle ne pouvoit les soustraire.

Dès-lors, la nature arrivant à la production des polypes rotifères, on voit qu’elle tend à donner à ces animaux une forme particulière à leur ordre et qui devient de plus en plus régulière.

Dans l’ordre qui suit en montant, les polypes à rayons si nombreux et si multipliés, ne présentent plus le désordre des formes irrégulières : ils offrent tous un corps plus ou moins alongé, gélatineux en général, ayant à son extrémité supérieure une bouche entourée de tentacules disposés en rayons.