Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/364

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suite toutes les idées qu’il se forme, prennent donc leur source dans les idées simples et premières que son système organique des sensations lui a fait acquérir.

Que l’on joigne à cette voie de multiplier ses idées, celle de s’en former d’autres encore, en modifiant arbitrairement les idées de tous les ordres qui tirent leur origine de ses sensations et de ses observations, on aura le complément de tout ce que peut produire l’imagination humaine.

En effet, tantôt par des contrastes ou des oppositions, elle change l’idée qu’elle s’est formée du fini, en celle de l’infini ; et de même, elle change l’idée qu’elle s’est procurée d’une matière ou d’un corps, en celle d’un être immatériel. Or, jamais la pensée ne fut arrivée a ces transformations, en un mot, à ces idées changées, sans les modèles positifs dont elle s’est servie. Tantôt, encore, variant à son gré des formes connues d’après les corps, des propriétés observées en eux, et les plus éminens phénomènes qu’ils produisent, la pensée de l’homme donne à des êtres fantastiques, des formes, des qualités et un pouvoir qui répondent à tous les prodiges qu’elle se plaît à inventer sous différens intérêts. Partout, néanmoins, elle est assujétie à n’opérer ces transformations, ces actes d’invention, que sur des modèles que le champ des réalités lui fournit ; modèles qu’elle modifie de