Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/63

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l’état, la forme et les propriétés de cette molécule. Ne sait-on pas que le propre de toute molécule intégrante est de ne pouvoir conserver sa nature et ses propriétés, qu’autant qu’elle conserve sa forme, sa densité et son état ? en sorte que c’est uniquement sur cette constance de forme pour chaque espèce, que sont fondés les principes de la crystallographie que M. Haüy a si heureusement découverts et si habilement développés.

Ainsi, la vie ne saurait exister dans une molécule intégrante de quelque nature qu’elle soit ; et cependant tout corps inorganique n’a l’individualité de son espèce que dans sa molécule intégrante. Elle ne saurait exister non plus dans une masse de molécules intégrantes réunies, si cette masse n’a reçu l’organisation qui lui donne alors l’individualité, c’est-à-dire, si elle n’a reçu dans son intérieur l'ordre et l’état de choses qui permettent en elle l’exécution des mouvemens vitaux.

Voilà des vérités de fait qu’il était important d’établir, et qui montrent l’intervalle considérable qui sépare les corps inorganiques de ceux qui sont vivans.

Ce n’est, comme nous le verrons, que dans une masse de molécules intégrantes diverses, réunies en un corps particulier, que la nature peut instituer la vie, et jamais dans une molécule intégrante seule ; et elle n’y parvient que lorsqu’elle a pu établir dans ce corps particulier, l’état et l’ordre de choses nécessaires