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  parmi les corps vivans. 73

bien des années, éclairent assez la question que j’examine, pour qu’elle ne reste pas indécise ; et je puis dire que maintenant nos connoissances d’observation sont trop avancées pour que la solution cherchée ne soit pas évidente.

En effet, outre que nous connoissons les influences et les suites des fécondations hétéroclites, nous savons positivement aujourd’hui qu’un changement forcé et soutenu, dans les lieux d’habitation, et dans les habitudes et la manière de vivre des animaux, opère, après un temps suffisant, une mutation très-remarquable dans les individus qui s’y trouvent exposés.

L’animal qui vit librement dans les plaines où il s’exerce habituellement à des courses rapides ; l’oiseau que ses besoins mettent dans le cas de traverser sans cesse de grands espaces dans les airs ; se trouvant enfermés, l’un dans les loges d’une ménagerie ou dans nos écuries, l’autre dans nos cages ou dans nos basses-cours, y subissent, avec le temps, des influences frappantes, surtout après une suite de régénérations dans l’état qui leur a fait contracter de nouvelles habitudes.

Le premier y perd en grande partie sa légèreté, son agilité ; son corps s’épaissit, ses membres diminuent de force et de souplesse, et ses facultés ne sont plus les mêmes ; le second devient lourd, ne sait presque plus voler,