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62 de l’espèce.  


Lorsqu’on a formé ces genres, on n’en connoissoit qu’un petit nombre d’espèces, et alors il étoit facile de les distinguer ; mais à présent que presque tous les vides sont remplis entre elles, nos différences spécifiques sont nécessairement minutieuses et le plus souvent insuffisantes.

À cet état de choses bien constaté, voyons quelles sont les causes qui peuvent y avoir donné lieu ; voyons si la nature possède des moyens pour cela, et si l’observation a pu nous éclairer à cet égard.

Quantité de faits nous apprennent qu’à mesure que les individus d’une de nos espèces changent de situation, de climat, de manière d’être ou d’habitude, ils en reçoivent des influences qui changent peu à peu la consistance et les proportions de leurs parties, leur forme, leurs facultés, leur organisation même ; en sorte que tout en eux participe, avec le temps, aux mutations qu’ils ont éprouvées.

Dans le même climat, des situations et des expositions très-différentes, font d’abord simplement varier les individus qui s’y trouvent exposés ; mais, par la suite des temps, la continuelle différence des situations des individus dont je parle, qui vivent et se reproduisent successivement dans les mêmes circonstances, amène en eux des différences qui deviennent, en quelque sorte,