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mais dépassé dans les animaux vertébrés. Un serpent rampe à l’aide de ses côtes, devenues des organes de progression. L’allongement exagéré du corps a produit l’amoindrissement de l’un des poumons, tandis que l’autre se prolonge jusque dans le ventre. Même chez les mammifères, les plus parfaits des animaux, les organes avortés et inutiles ne sont pas rares; ainsi la plupart de ces animaux présentent les trois types dentaires, savoir des incisives, des canines et des molaires. Geoffroy Saint-Hilaire avait déjà remarqué que chez la baleine, où les dents sont remplacées par des fanons, les germes des dents avortées sont cachés dans l’épaisseur de la mâchoire du fœtus; depuis, le même savant les a retrouvés dans le bec des oiseaux. Les ruminants ont un bourrelet calleux à la place des incisives supérieures, mais le germe des dents existe dans le fœtus. Il en est de même chez les lamantins, qui n’ont d’incisives ni en haut ni en bas: se nourrissant uniquement de plantes marines, ils n’en faisaient point usage, et ces dents ont fini par disparaître.

Je terminerai en citant les organes avortés qui existent chez l’homme, et dont il peut tous les jours constater l’inutilité; atrophiés faute d’usage, ils semblaient être aux yeux des anciens naturalistes autant de preuves de l’unité de plan qui a