Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/230

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Les marchandises avaient augmenté dans une aussi forte proportion : l’aune de drap se payait 110 livres ; celle de toile, 12 livres. Le fer était devenu si rare qu’on fut obligé d’enlever des bâtiments publics les balcons et les grilles et qu’on demanda même le fer de la porte du jardin de Beauvoir pour ferrer les chevaux de l’armée.

Le rapport de la municipalité, cité plus haut, montre aussi la ville de Saint-Brieuc entourée de chouans qui « désarment avec une promptitude effrayante les communes, sans distinction de patriotes et d’aristocrates, brûlent les archives des municipalités sans distinction d’opinion, favorisés par un grand nombre de communes de tout temps ennemies de la Révolution ». La malle-poste ayant été attaquée, le 1er janvier, à Saint-Barthélemy, près de Saint-Brieuc, l’alarme fut jetée dans la ville. Des bandes de chouans la bloquèrent, en profitant de l’absence des troupes, et quelques-uns de leurs chefs s’emparèrent au Légué d’une patache et passèrent à Jersey pour s’entendre avec les émigrés. On sentait qu’un mouvement considérable se préparait. Les royalistes, en effet, ayant toujours devant les yeux les scènes atroces de la Terreur, ne pouvaient croire à des concessions sérieuses et prenaient les armes de toutes parts. L’escarmouche de La Ville-Mario, sur la côte du Portrieux, fut suivie de l’apparition d’une flotte anglaise qui n’osa débarquer en présence des troupes du général Valletaux. Du côté de Moncontour, un chef intrépide, Boishardy, résistait aux armes comme aux propositions pacifiques de Hoche et de son lieutenant Humbert ; mais, à un mois d’intervalle, Boishardy fut tué, et les émigrés furent écrasés dans le Morbihan, à Quiberon (21 juillet).

Trois jours auparavant, Tinténiac avait trouvé la mort à Coëtlogon, après avoir vaincu les généraux républicains Champeaux et Crubelier, chargés de le surveiller. Sa division, dite l’armée rouge, passa sous les ordres de M. de Pontbellanger et s’empara de Quintin et de Châtelaudren. L’alarme fut grande à Saint-Brieuc et le général Valletaux vint établir son camp au Tertre-Buette, pour couvrir