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MÉDITATIONS

Il tomba, sur son roc par la haine emporté.
Vesta de la vengeance et de la liberté,
Sous les débris fumants de l’univers en flamme,
On retrouva leurs feux immortels dans ton âme !…

Ah ! que d’autres, flatteurs d’un populaire orgueil,
Suivent leur servitude au fond d’un grand cercueil ;
Qu’imitant des Césars l’abjecte idolâtrie,
Pour socle d’une tombe ils couchent la patrie,
Et, changeant un grand peuple en servile troupeau,
Qu’ils lui fassent lécher la botte et le chapeau !
D’autres tyrans naîtront de ces larmes d’esclaves :
Diviniser le fer, c’est forger ses entraves !
Avilir les humains, ce n’est pas se grandir ;
C’est éteindre le feu dont on veut resplendir ;
C’est abaisser sous soi le sommet où l’on monte,
C’est sculpter sa statue avec un bloc de honte !
Si le banal encens qui brûle dans leurs mains
Se mesure au mépris qu’on a fait des humains,
Le colosse de fer dont ils fardent l’histoire
Avec plus de mépris aurait donc plus de gloire ?
Plus bas, Séjans d’une ombre ! admirez à genoux !
Il avait deviné des juges tels que vous.

Mais le temps est seul juge : ami, laissons-les faire ;
Qu’ils pétrissent du sang à ce dieu du vulgaire ;
Que tout rampe à ses pieds de bronze… excepté moi !
Staël, à lui l’univers ! — mais cette larme à toi ! —

. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .


Huber, que ce grand nom, que ces ombres si chères
Agrandissent pour vous le pays de vos pères !
Rebandez le vieil arc que son poids détendit :
On resserre le nœud quand le faisceau grandit.