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MÉDITATIONS


Ah ! que nos longs regards se suivent, se prolongent,
Comme deux purs rayons l’un dans l’autre se plongent,
Et portent tour à tour
Dans le cœur l’un de l’autre une tremblante flamme,
Ce jour intérieur que donne seul à l’âme
Le regard de l’amour !

Jusqu’à ce qu’une larme aux bords de ta paupière,
De son nuage errant te cachant la lumière,
Vienne baigner tes yeux,
Comme on voit au réveil d’une charmante aurore
Les larmes du matin, qu’elle attire et colore,
L’ombrager dans les cieux.


Parle-moi, que ta voix me touche !
Chaque parole sur ta bouche
Est un écho mélodieux.
Quand ta voix meurt dans mon oreille,
Mon âme résonne et s’éveille,
Comme un temple à la voix des dieux.

Un souffle, un mot, puis un silence,
C’est assez : mon âme devance
Le sens interrompu des mots,
Et comprend ta voix fugitive,
Comme le gazon de la rive
Comprend le murmure des flots.