Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/189

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Que les plus doux parfums qui soufflent sous les cieux
Y donnaient à l’air même un goût délicieux,
Que les rocs ruisselaient du nectar des abeilles,
Et qu’un oiseau céleste y charmait les oreilles.
« Nous nous arrêterons, se disaient-ils entre eux,
Aux lieux où le bonheur est le plus savoureux,
Aux bords où l’oiseau bleu va reposer ses ailes ;
Nous apprivoiserons les petits des gazelles,
Pour jouer sur la feuille avec nos deux jumeaux ;
Nous irons dérober les œufs sous les rameaux ;
Nous aurons pour demeure une grotte de marbre
Fermée aux eaux du ciel, ou le tronc creux de l’arbre
Dont les vastes rameaux sur son flanc repliés
Des cheveux de la tête enveloppent les piés ;
Nous serons bons à tous, et, pour que l’on nous aime,
Nous ferons alliance avec les lions même,
Avec l’oiseau du ciel et l’insecte des champs :
Mais avec l’homme, oh non ! les hommes sont méchants !
À ces tableaux riants qu’ils coloraient d’avance,
Leur pas léger, semblable au vol de l’espérance,
Quoique lassé du jour, les portait en avant ;
Cependant dans leur fuite ils s’arrêtaient souvent.


Tantôt les durs cailloux, ou d’épineuses plantes,
Des pieds de Daïdha faisaient saigner les plantes ;
Au cou de son amant elle nouait ses bras,
Et Cédar la portait sans ralentir le pas.
Ses fils sur une épaule et sur l’autre la mère,
Portant tout son bonheur, charge douce et légère,