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sphère, et, devenu transparent comme l’éther, paraît aussi aérien que l’air lui-même et aussi lumineux que la lumière !

Cette sérénité chaude de mon âme, découlant pour moi de la piété, ne s’éteignit pas en moi pendant les quatre années que j’employai encore à achever mes études. Cependant j’aspirais ardemment à les terminer pour rentrer dans la maison paternelle et dans la liberté de la vie des champs. Cette aspiration incessante vers la famille et vers la nature était même au fond un stimulant plus puissant que l’émulation. Au terme de chaque cours d’étude accompli, je voyais en idée s’ouvrir la porte de ma prison. C’est ce qui me faisait presser le pas et devancer mes émules. Je ne devais les couronnes dont j’étais récompensé et littéralement surcharge à la fin de l’année, qu’à la passion de sortir plus vite de cet exil ou l’on condamne l’enfance. Quand je n’aurais plus rien à apprendre au collège, il faudrait bien me rappeler à la maison.

Ce jour arriva enfin. Ce fut un des plus beaux de mon existence. Je fis des adieux reconnaissants aux excellents maîtres qui avaient su vivifier mon âme en formant mon intelligence, et qui avaient fait pour ainsi dire rejaillir leur amour de Dieu en amour et en zèle pour l’âme de ses enfants. Les pères Desbrosses, Varlet, Béquet, Wrintz, surtout, mes amis plus que mes professeurs, restèrent toujours dans ma mémoire comme des modèles de sainteté, de vigilance, de paternité, de tendresse et de grâce pour leurs élèves. Leurs noms feront toujours pour moi partie de cette famille de l’âme à laquelle on ne doit pas le sang et la chair, mais l’intelligence, le goût, les mœurs et le sentiment.

Je n’aime pas l’institut des jésuites. Élevé dans leur