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A LUCY L...


RÉCITATIF.


La harpe de Morven de mon âme est l’emblème ;
Elle entend de Cromla les pas des morts venir ;
Sa corde à mon chevet résonne d’elle-même
Quand passe sur ses nerfs l’ombre de l’avenir.
Ombres de l’avenir, levez-vous pour mon âme !
Écartez la vapeur qui vous voile à mes yeux...
Quelle étoile descend ?... Quel fantôme de femme
Pose ses pieds muets sur le cristal des cieux ?
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .
Est-ce un songe qui meurt ? une âme qui vient vivre ?
Mêlée aux brumes d’or dans l’impalpable éther.
Elle ressemble aux fils du blanc tissu du givre
Qu’aux vitres de l’hiver les songes font flotter.
Ne soufflez pas sur elle, ô vents tièdes des vagues !
Ne fondez pas cette ombre, éclairs du firmament !
Oiseaux, n’effacez pas sous vos pieds ces traits vagues
Où la vierge apparaît aux rêves de l’amant.

La lampe du pêcheur qui vogue dans la brume
A des rayons moins doux que son regard lointain.
Le feu que le berger dans la bruyère allume
Se fond moins vaguement dans les feux du matin,
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .