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de rampe étroite où le ciseau avait creusé dans le rocher des degrés inégaux, tout glissants de la poussière de la mer. Cet escalier de roc vif, qui manquait quelquefois sous les pieds, était remplacé par quelques marches artificielles qu’on avait formées en enfonçant par la pointe de longues perches dans les trous de la muraille, et en jetant sur ce plancher tremblant des planches goudronnées de vieilles barques ou des fagots de branches de châtaignier garnies de leurs feuilles sèches.

Après avoir monté ainsi lentement environ quatre ou cinq cents marches, nous nous trouvâmes dans une petite cour suspendue qu’entourait un parapet de pierres grises. Au fond de la cour s’ouvraient deux arches sombres qui semblaient devoir conduire à un cellier. Au-dessus de ces arches massives, deux arcades arrondies et surbaissées portaient un toit en terrasse, dont les bords étaient garnis de pots de romarin et de basilic. Sous les arcades, on apercevait une galerie rustique où brillaient, comme des lustres d’or aux clartés de la lune, des régimes de maïs suspendus.

Une porte en planches mal jointes ouvrait sur cette galerie. À droite, le terrain, sur lequel la maisonnette était inégalement assise, s’élevait jusqu’à la hauteur du plain-pied de la galerie. Un gros figuier et quelques ceps tortueux de vigne se penchaient de là sur l’angle de la maison, en confondant leurs feuilles et leurs fruits sous les ouvertures de la galerie et en jetant deux ou trois festons serpentant sur le mur d’appui des arcades. Leurs branches grillaient à demi deux fenêtres basses qui s’ouvraient sur cette espèce de jardin ; et, si ce n’eût été ces fenêtres, on eût pu prendre la maison massive, carrée et basse, pour un des rochers gris de cette côte, ou pour un de ces blocs de lave refroidie que le châtai-