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LIVRE DEUXIÈME



I


A peine avaient-ils goûté leur bonheur si longtemps attendu, qu’il fallut l’interrompre et se séparer, peut-être, hélas ! pour ne plus se revoir. C’était le moment de l’émigration. À cette époque, l’émigration n’était pas, comme elle le devint plus tard, un refuge contre la persécution ou la mort. C’était une vogue universelle d’expatriation qui avait saisi la noblesse française. L’exemple donné par les princes devint contagieux. Des régiments perdirent en une nuit leurs officiers. Ce fut une honte pendant un certain temps de rester là où étaient le roi et la France. Il fallait un grand courage d’esprit et une grande fermeté de caractère pour résister si cette folie épidémique qui prenait le nom de l’hon-