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LIVRE CINQUIÈME



I


Toutes nos leçons de religion se bornaient pour elle à être religieuse devant nous et avec nous. La perpétuelle effusion d’amour, d’adoration et de reconnaissance qui s’échappait de son âme était sa seule et naturelle prédication. La prière, mais la prière rapide, lÿrique, ailée, était associée aux moindres actes de notre journée. Elle s’y mêlait si à propos, qu’elle était toujours un plaisir et un rafraîchissement, au lieu d’être une obligation et une fatigue. Notre vie était entre les mains de cette femme un sursum corda perpétuel. Elle s’élevait aussi naturellement à la pensée de Dieu que la plante s’élève à l’air et à la lumière. Notre mère, pour cela, faisait le contraire de ce qu’on fait ordinairement. Au lieu de