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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/6

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Qu’ils sont heureux les sons qui partent de ma lyre !
D’un vol mélodieux ils s’élèvent vers toi ;
Ils montent d’eux-mêmes au Dieu qui les inspire :

Et moi, Seigneur, et moi,

Je reste où je languis, je reste où je soupire !


Encore un hymne, ô ma lyre !
Un hymne pour le Seigneur,
Un hymne dans mon délire,
Un hymne dans mon bonheur !


Esprits qui balancez les astres sur nos têtes,
Vous qui vivez de feu comme nous vivons d’air ;
Anges qui respirez le tonnerre et l’éclair,
Soleil, foudres, rayons, cieux étoilés, tempêtes,

Parlez : est-il où vous êtes ?
Dans tes abîmes, ô mer ?


J’étais né pour briller où vous brillez vous-même,
Pour respirer là-haut ce que vous respirez,
Pour m’enivrer du jour dont vous vous enivrez,
Pour voir et réfléchir cette beauté suprême
Dont les yeux ici-bas sont en vain altérés !
Mon âme a l’œil de l’aigle, et mes fortes pensées,
Au but de leurs désirs volant comme des traits,
Chaque fois que mon sein respire, plus pressées

Que les colombes des forêts,

Montent, montent toujours par d’autres remplacées,

Et ne redescendent jamais.