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TOUSSAINT LOUVERTURE.


ACTE QUATRIÈME


Un vaste et sombre souterrain servant de prison sous les casemates du fort dans le camp français. — À gauche, de lourds piliers portent la voûte et interceptent çà et là la lumière qui tombe des poternes. — À droite, une porte basse et grillée en fer au haut d’un escalier humide et obscur. — Dans le fond, une grille fermée sur une cour. — Dans cette cour, une porte sur laquelle est écrit en grosses lettres : Ambulance.

SCÈNE PREMIÈRE


adrienne, assise sur un peu de paille, est enchaînée par
les pieds et par les mains à un des piliers.

Est-ce un lieu de supplice ?… un cachot ?… une tombe ?…
Ah ! si Toussaint est mort, qu’importe où je succombe ?…
Depuis huit jours, hélas ! s’il avait survécu,
Quelque sûr messager serait déjà venu
De sa nièce, en son nom, hâter la délivrance,
Ou faire luire au moins un rayon d’espérance.
Hélas ! voir mon Albert par les blancs entraîné !
Voir par ses propres fils un père abandonné !
Moi-même partager, pour aimer ou maudire,
En deux moitiés mon cœur qui saigne et se déchire !
L’une à Toussaint et l’autre à son fils !… Oh ! quel sort !
Ensevelissez-moi, ténèbres de la mort !