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ACTE II, SCÈNE II

On dirait qu’il bondit… Misérable, et vers quoi ?
Vers quelque froid coup d’œil qui va tomber sur toi,
Vers un de ces mots durs que l’embarras prononce,
Et dont la mort de l’âme est la seule réponse.
Si tu frémis ainsi de crainte et non d’espoir,
Ne valait-il pas mieux mourir sans le revoir ?
Cette douleur du moins me serait épargnée
De craindre l’homme ; à qui mon âme s’est donnée.


SCÈNE CINQUIÈME


ADRIENNE, ISAAC, ALBERT, puis SALVADOR.
On entend limer et tomber un des barreaux de fer de la prison. Isaac saute le premier dans le souterrain ; il donne la main à son frère, qu’il entraîne vers Adrienne. — Adrienne couvre plusieurs fois son visage avec ses mains comme craignant de voir Albert.
isaac, laissant son frère à moitié chemin et sautant
au cou d’Adrienne.

Nous voilà !

Il s’aperçoit que son frère est resté en arrière, comme
indécis et n’osant approcher.

Mais viens donc !… mais fais donc comme moi !
Tu vois bien que l’anneau la retient loin de toi.
Elle ne peut… mais toi, qu’as-tu qui te retienne ?
Mais regardez-vous donc ? Quoi ! mon frère, Adrienne,
Muets l’un devant l’autre et sans lever les yeux !
Craindre de se revoir est-ce donc s’aimer mieux ?

albert, avec une affectation sensible en s’approchant pour
baiser la main d’Adrienne.

Craindre de se revoir ?