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ACTE II, SCÈNE II

Un empire et son nom à léguer à ses fils ?
Laissons cela ! — Chacun sent, selon sa nature,
Dans les dons du tyran la chaîne ou la parure ;
Le frein doux au cheval fait saigner le lion…
L’un s’appelle douceur, l’autre rébellion !
Pour savoir si je dois rendre grâce ou maudire,
Parlez ! au nom des blancs que venez-vous me dire ?
Qu’apportez-vous ?

albert.

Qu’apportez-vous ?La paix.

toussaint.

Qu’apportez-vous ? La paix.La paix ? Dérision.

albert.

La liberté des noirs s’ils font soumission.

toussaint.

Soumission ?

albert.

Soumission ?La loi, non, ce joug lourd et rude…

toussaint.

Taisez-vous ! point de paix avec la servitude !

albert.

Entre les blancs et nous complète égalité,
Leur drapeau seulement couvrant la liberté.

toussaint, ironiquement.

Oui, comme le linceul recouvre les cadavres !

albert.

Leurs troupes dans nos forts, leurs vaisseaux dans nos havres,
Mais…

toussaint, lui coupant la parole.

Mais…Leur poussière, va ! tache encor nos genoux !
Qu’ils partent !… L’Océan, c’est la paix entre nous !

albert.

Connaissez mieux des blancs le nouveau caractère :
De l’ennemi terrible ils distinguent le père.