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TOUSSAINT LOUVERTURE.

ADRIENNE.

Un peuple menaçant vient foudroyer ces bords !

PÉTION, à un matelot noir.

Au port Saint-Nicolas portez l’ordre du maître ;
Qu’on grée un aviso ; – qu’on aille reconnaître
Combien de grands vaisseaux et sous quels pavillons.
Courez ! de l’Océan sondez tous les sillons !
Point de voile ! Courbez trente hommes sur les rames,
Plongez comme un requin sous l’écume des lames ;
Et si quelque vaisseau tire ou marche sur vous,
Plutôt que d’être pris, sombrez ! noyez-vous tous !

LE MATELOT.

Notre vie est à lui comme au Maître suprême ;
La volonté du ciel et du chef, c’est la même.
Avant que ces oiseaux au bord soient revenus,

En montrant des albatros

Nous serons de retour ou nous ne serons plus.

SCÈNE   QUATRIÈME


LES PRÉCÉDENTS, MOÏSE et MAZULIME.

MOISE, amenant Mazulime sur le devant de la scène.

Vois-tu dans cette tour une lampe immobile ?

MAZULIME.

La lampe de Toussaint ! C’est l’étoile de l’île ;
Sa clarté nous conduit à la gloire !

MOÏSE.

Sa clarté nous conduit à la gloire ! Crois-tu ?
Avant de l’adorer, je veux voir la vertu,
Moi ! je veux conserver, sans lui faire une offense,
Ma part dans le conseil comme dans la défense ;