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ACTE II, SCÈNE II

Aux soldats et aux pionniers en leur montrant des pelles et des pioches.

Enfants, pour ces outils, laissez la baïonnette ;
Saisissez-moi le pic, la pelle et la chaînette,
Bravez ce sol de lave, et ce soleil d’enfer,
La pioche ou le fusil, qu’importe, c’est du fer !

Les soldats et les pionniers répondent par une acclamation

et s’élancent à l’ouvrage

 


SCÈNE DEUXIÈME


Les précédents, ROCHAMBEAU.
rochambeau.

Eh bien, mon cher Boudet, comment va la journée ?

boudet.

À merveille ! Déjà l’enceinte est dessinée.
Le camp fortifié, sur ces hauteurs assis,
Entouré de remparts, de fossés, de glacis,
Offrira dès ce soir un asile à l’armée
Plus sûr que cette ville a peine désarmée,
Où la sédition, qui couve sous nos pas,
Menace d’autant plus qu’on ne l’aperçoit pas.
Le Français n’est pas fait pour cette guerre impie
Où la fourbe le mine, où la fuite l’épie,
Où dans les yeux baissés, dans les discours soumis,
Il lui faut soupçonner des desseins ennemis.
Sa valeur, confiante, au grand jour se déploie
Contre tous les dangers ; mais il faut qu’il les voie.
Il les verra d’ici. — Ce superbe plateau,
Piédestal naturel de l’antique château,
Déblayé des débris de ces vieilles murailles,
Donne un centre de bronze à nos champs de batailles.