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CÉSAR.

les étangs sur les corps morts dont ils étaient remplis.

Les Belges, déçus dans leur espoir d’emporter Bibrax et de passer la rivière, voyant que les Romains ne quittaient pas leur excellente position, et commençant à manquer de vivres, tinrent conseil, et décidèrent que chaque nation rentrerait dans ses foyers, sauf à se rassembler de toutes parts pour défendre le premier peuple d’entre eux dont le sol serait envahi par les Romains. Il valait mieux, disaient-ils, attendre la guerre sur leur propre territoire, où du moins les vivres ne manqueraient pas.

En conséquence, ils décampèrent au milieu de la nuit avec grand bruit et grand tumulte, ne gardant aucun rang, n’obéissant à aucun chef, chacun ne songeant qu’à prendre les devants pour arriver plus tôt chez lui. Ce départ avait l’air d’une fuite. César, averti par ses vedettes, mais craignant d’abord quelque piége, parce qu’il ne connaissait pas encore les motifs de cette retraite, retint d’abord ses légions. Au point du jour, il lança toute sa cavalerie avec trois légions pour la soutenir. Elles tombèrent sur les Belges et en tuèrent un grand nombre. N’ayant aucun chef pour les contenir, les fuyards se débandèrent dans toutes les directions, de sorte que les Romains, sans courir le moindre danger, continuèrent à tuer tant que dura le jour.

Le lendemain, avant que l’ennemi fût remis de sa terreur, César leva le camp et se dirigea vers le pays des Suessions (Soissonnais). En une grande journée de marche il arriva vers Noviodunum (Noyon). Il tenta d’enlever la ville d’assaut, parce qu’on la disait sans troupes, mais il échoua à cause de la largeur du fossé et de la hauteur des murailles. Il disposa tout pour un siége en règle. La grandeur des machines de siége et la promptitude des travaux de terrassement, tout nouveaux pour les Belges, les terrifièrent, et ils députèrent vers César, lui offrant de capituler. Le général romain leur accorda la vie sauve, à la