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CÉSAR.

biens (Amiénois), qui se rendirent aussitôt corps et biens.

Les Ambiens touchaient aux Nerviens (Hainaut). Ils répondirent aux questions que leur fit César sur le caractère et les mœurs de ces peuples, « que les marchands n’étaient point reçus chez eux ; qu’ils n’y laissaient entrer ni vin ni rien de ce qui flatte la sensualité, parce qu’ils croyaient que cela pouvait énerver et amollir le courage. Ils étaient féroces et très-braves. Ils s’emportaient en invectives contre les autres Belges, qui, dégénérant de l’énergie de leurs ancêtres, s’étaient rendus à César. Ils reniaient cette fraternité et le nom gaulois, s’attribuant avec orgueil une origine germanique. Ils déclaraient qu’ils n’enverraient point au général romain de députés et qu’ils n’accepteraient la paix à aucune condition. »

La nature de leur pays était d’ailleurs très-favorable à une guerre défensive. Là, aucune ville, aucun bourg considérable ne s’offrait aux regards des légions, forcées de se frayer un passage à travers une contrée sauvage, que barraient en tout sens de grandes haies entrelacées de main d’homme et des taillis presque impénétrables à la vue. Ces espèces de murailles végétales empêchaient l’abord de la cavalerie et arrêtaient a chaque pas les troupes a pied. Un historien fait remarquer « que, par les soins des Nerviens, les arbres de leurs forêts étaient entrelacés comme ceux de l’Amérique le sont naturellement par les lianes. Mais, ajoute-t-il, les Pizarre et les Cortez, avec une telle supériorité d’armes, faisaient la guerre à coup sûr ; et qu’était ce que les Péruviens en comparaison de ces dures et énergiques populations des Bellovaques et des Nerviens (Picardie, Hainaut, Flandre), qui venaient par cent mille attaquer César ? »

Les Nerviens, soutenus par les Atrebates et les Véromandues, descendirent, comme un torrent, d’une colline boisée, culbutèrent la cavalerie romaine et alliée, et s’élan-