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CICÉRON

ANNÉE 107 AVANT J.-C. — 647 DE LA FONDATION DE ROME.



Ce n’est pas le nom d’un orateur, c’est le nom de l’éloquence.

L’éloquence, telle que nous l’entendons et telle que Cicéron l’entendait lui-même, n’est pas seulement l’art de parler aux hommes sur la place publique : c’est le don de sentir fort, de penser juste, de savoir tout, d’imaginer avec splendeur, d’exprimer avec puissance, et de communiquer, par la parole écrite ou parlée, aux autres hommes, l’idée, le sentiment, la conviction de la vérité, l’admiration du beau, le goût de l’honnête, l’enthousiasme de la vertu, le dévouement au devoir, l’héroïsme de la patrie, la foi dans l’immortalité, qui rendent l’âme honnête, le cœur sensible, l’esprit juste, la raison saine, la science populaire, l’imagination artiste, le patriotisme ardent, le courage viril, la liberté chère, la philosophie pieuse, la religion conforme à l’idée la plus haute de la Divinité, en un mot, qui font l’individu bon, le peuple grand, l’humanité sainte.

Voilà ce que nous entendons par l’idéal de l’éloquence. Elle suppose pour nous la possession et l’exercice de toutes les facultés intellectuelles et morales de l’homme résumées dans la parole : la puissance du verbe humain.

Aucun homme peut-être ne les réunit autant en lui que