Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 38.djvu/15

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Je passe tout de suite au moment où cette révolution, comme épuisée d’efforts, d’anarchie et de sang, se jeta, de lassitude et de découragement, dans les bras d’un soldat ambitieux dont je reconnais la grandeur, dont je reconnais les services, — car la gloire dont on couvre les armes d’une nation est un service ; — mais dont le règne civil ne fut, selon moi, que le règne de la contre-révolution.

» De ce jour, de ce 18 brumaire, commence contre les principes populaires une réaction qui ne s’arrête qu’à la chute de l’empire. On dirait que le génie de Charlemagne, exhumé du moyen âge, revit tout entier en lui. Mais ce génie est un anachronisme perpétuel. C’est le génie du passé ; ce n’est pas celui du présent et de l’avenir des peuples. C’est le génie de la discipline ; ce n’est pas celui de la société. Quand on écarte la lueur du sabre qui couvre tout cela, on est étonné de la petitesse et de la fausseté des conceptions sociales qui se cachent sous cette grande gloire, et dans l’homme des batailles on ne peut s’empêcher de reconnaître tout le génie sublime, mais le génie égaré de la contre-révolution. (Une voix : « C’est vrai ! »)

» La Restauration elle-même, qui certes ne pouvait pas apporter des sympathies personnelles à nos principes, fut moins loin que lui des idées libérales de 89. Mais il est plus aisé en politique de vaincre ses ennemis que de triompher de ses amis ! Vous le voyez par vous-mêmes aujourd’hui. (Oui ! oui !) La Restauration, entraînée par ses amis exagérés, se jeta elle-même dans le précipice de son passé !

» Et maintenant, où en sommes-nous ? (Mouvement d’attention.) Ici, messieurs, ne craignez pas que je fasse descendre la vérité historique de sa hauteur sereine et impartiale pour en faire une arme de parti. Nous sommes