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jocelyn.

Ces corridors obscurs, ces nefs, ces murs épais,
Ont versé sur mon front leur silence et leur paix ;
Les souvenirs cuisants, les regrets, les images
De liberté, d’amour, de riants paysages,
À peine ont jusqu’ici dans mes nuits pénétré ;
De la paix du Seigneur tout s’y peint par degré,
Comme, par les vitraux que le pinceau colore,
Se teignent dans la nef les clartés de l’aurore.
Qu’il est doux dans son Dieu de renfermer son cœur
Comme un parfum dans l’or, pour en garder l’odeur ;
D’avoir son but si haut, et sa route tracée,
Et de vivre six ans d’une même pensée !
Aussi, blanche est la page où je notai mes jours.
Qu’aurais-je écrit ? Ce Dieu que je servis toujours,
Le soin de ses autels, le goût de ses demeures,
Ont du même aliment nourri toutes mes heures,
Et sa main, à ma main ouverte constamment,
M’a dirigé sans chute et sans événement.
Ah ! grâce aux passions que mon cœur se retranche,
Puisse toute ma vie être une page blanche !