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jocelyn.

Et je me détournais un peu vers le rivage,
Pour que le vent du lac me séchât le visage !…

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Enfin, près du sépulcre à son père creusé,
Pour la dernière fois le corps fut déposé.
Le front dans mes deux mains, je m’assis près de l’onde,
Pendant que l’on ouvrait dans la terre profonde
Le lit de son sommeil où j’allais la coucher.
Chaque coup dans le sol que j’entendais bêcher
Faisait évanouir une de ces images
Qui me montaient au cœur à l’aspect de ces plages,
Les brisait tour à tour comme un flot sur l’écueil,
Et toutes les menait s’abîmer au cercueil.
Quand il fut préparé, dans le sillon suprême
Je voulus sur mes bras la recevoir moi-même,
Afin que ce beau corps, sous ma main endormi
S’appuyât, même là, contre ce cœur ami.
La pressant sur mon sein comme une pauvre mère
Qui pose en son berceau son fruit dormant, à terre
Sur le sol aplani, muet, je l’étendis ;
Et, tirant doucement le sable, j’entendis
La terre sous mes pieds, par le pâtre jetée,
Tomber et retentir à sourde pelletée,
Jusqu’à ce que la terre, exhaussant son niveau,
Me rendît au grand jour les pieds sur son tombeau !

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