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notes.

le Samedi soir dans la chaumière, cette admirable ballade de Burns, qui est le cantique populaire des montagnes de l’Écosse. C’est la veillée d’une famille de laboureurs sanctifiée par la prière, égayée par le banquet du soir, attendrie par un chaste amour, et groupée autour de la Bible lue par le père. Il s’exhale de cette poésie un parfum de sainteté et d’innocence qui monte au cœur, comme l’encens de la vie domestique recueillie et cachée en Dieu.

LE SAMEDI SOIR DANS LA CHAUMIÈRE

Que l’ambition ne tourne pas en ridicule leur utile travail,
    Leurs plaisirs grossiers et leur destinée obscure ;
Et que la grandeur n’écoute pas avec un sourire dédaigneux
    Les courtes mais simples annales du pauvre.

Gray.

Le froid novembre souffle à grand bruit et avec colère ;
    La courte journée d’hiver touche à son terme ;
Les bêtes fangeuses sont retirées de la charrue ;
    Les noires troupes de corbeaux songent au repos.
Le paysan, excédé de fatigue, quitte son travail :
    Ce soir, sa semaine de labeur est finie,
Il rassemble ses bêches, ses hoyaux et ses houes,
    Espérant goûter à l’aise le repos du matin,
Et, fatigué, sur la bruyère il dirige sa course vers son logis.


Enfin, sa chaumière isolée apparaît à sa vue,
    Abritée sous un vieil arbre ;
Ses petits enfants, qui l’attendent, accourent en trébuchant
    Au-devant de leur père, avec un trémoussement et des cris de
        joie.
Son tout petit feu à la mine riante,
    La propreté de son foyer, le sourire de sa femme économe,
Le babil de l’enfant qui balbutie sur son genou,
    Trompent tous ses soucis et son anxiété cuisante,
Et lui font oublier entièrement sa fatigue et sa peine.


Bientôt entrent les fils aînés
    En service au dehors, chez les fermiers d’alentour :
Les uns mènent la charrue ; d’autres les troupeaux ; d’autres,
        prudents, vont faire