Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/464

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Mais si tout regard d’homme à ton visage aspire,
Ce n’est pas seulement parce que ton sourire
Embaume sur tes dents l’air qu’il fait palpiter,
Que, sous le noir rideau des paupières baissées,
On voit l’ombre des cils recueillir des pensées
Où notre âme s’envole et voudrait habiter ;

Ce n’est pas seulement parce que de sa tête
La lumière glissant, sans qu’un angle l’arrête.
Sur l’ondulation de tes membres polis,
T’enveloppe d’en haut dans ses rayons de soie
Comme une robe d’air et de jour, qui te noie
Dans l’éther lumineux d’un vêtement sans plis ;

Ce n’est pas seulement parce que tu déplies
Voluptueusement ces bras dont tu nous lies,
Chaîne qui d’un seul cœur réunit les deux parts,
Que ton cou de ramier sur l’aile se renverse,
Et que s’enfle à ton sein cette coupe qui verse
Le nectar à la bouche et l’ivresse aux regards :

Mais c’est que le Seigneur, ô belle créature !
Fit de toi le foyer des feux de la nature,
Que par toi tout amour a son pressentiment,
Que toutes voluptés, dont le vrai nom est femme,
Traversent ton beau corps ou passent par ton âme,
Comme toutes clartés tombent du firmament !

Cette chaleur du ciel, dont ton sein surabonde,
À deux rayonnements pour embraser le monde.
Selon que son foyer fait ondoyer son feu :
Lorsque sur un seul cœur ton âme le condense,
L’homme est roi, c’est l’amour ! Il devient Providence
Quand il s’épand sur tous et rejaillit vers Dieu.