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places de la ville ; leurs costumes sont riches et pittoresques ; leurs traits portent l’empreinte de la misère, du désespoir, et de toutes les passions féroces que la guerre civile allume et fomente dans ces âmes sauvages. L’anarchie la plus complète règne en ce moment dans la Morée. Chaque jour une faction triomphe de l’autre, et nous entendons les coups de fusil des Klephtes, des Colocotroni, qui se battent de l’autre côté du golfe contre les troupes du gouvernement. On apprend, à chaque courrier qui descend des montagnes, l’incendie d’une ville, le pillage d’une plaine, le massacre d’une population, par un des partis qui ravagent leur propre patrie. On ne peut sortir des portes de Nauplie sans être exposé aux coups de fusil. Le prince Karadja a la bonté de me proposer une escorte de ses palikars pour aller visiter le tombeau d’Agamemnon, et le général Corbet, qui commande les troupes françaises, veut bien y joindre un détachement de ses soldats ; je refuse ; je ne veux pas exposer, pour l’intérêt d’une vaine curiosité, la vie de quelques hommes, que je me reprocherais éternellement.




12 août 1832.


J’ai assisté ce matin à une séance du parlement grec. La salle est un hangar de bois ; les murs et le toit sont formés de planches de sapin mal jointes ; les députés sont assis sur