Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/224

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lequel arrêter mon choix, tant ils étaient presque tous remarquables par leur perfection : enfin je me décidai pour un jeune étalon blanc de trois ans, qui me parut la perle de tous les chevaux du désert. Le prix fut débattu entre M. Baudin et l’aga, et fixé à six mille piastres, que je fis payer à l’aga. Le cheval était arrivé de Palmyre il y avait peu de temps, et l’Arabe qui l’avait vendu à l’aga avait reçu cinq mille piastres et un magnifique manteau de soie et d’or. L’animal, comme tous les chevaux arabes, portait au cou sa généalogie, suspendue dans un sachet en poil, et plusieurs amulettes pour le préserver du mauvais œil.

Parcouru les bazars de Damas. Le grand bazar a environ une demi-lieue de long. Les bazars sont de longues rues, couvertes par des charpentes très-élevées, et bordées de boutiques, d’échoppes, de magasins, de cafés ; ces boutiques sont étroites et peu profondes ; le négociant est assis sur ses talons devant sa boutique, la pipe à la bouche, ou le narguilé à côté de lui. Les magasins sont remplis de marchandises de toutes sortes, et surtout d’étoffes des Indes, qui affluent à Damas par les caravanes de Bagdhad. Des barbiers invitent les passants à se faire couper les cheveux. Leurs échoppes sont toujours pleines de monde. Une foule, aussi nombreuse que celle des galeries du Palais-Royal, circule tout le jour dans le bazar. Mais le coup d’œil de cette foule est infiniment plus pittoresque. Ce sont des agas, vêtus de longues pelisses de soie cramoisie, fourrées de martre, avec des sabres et des poignards enrichis de diamants, suspendus à la ceinture. Ils sont suivis de cinq ou six courtisans, serviteurs ou esclaves, qui marchent silencieusement derrière eux, et portent leurs pipes et leur nar-